La Société Civile de Moyens (SCM) est une forme de structure juridique souvent utilisée par les professionnels libéraux pour mutualiser leurs moyens et faciliter l’exercice de leur activité. D’un point de vue fiscal, il est essentiel de bien comprendre le fonctionnement et les spécificités du régime applicable à une SCM afin d’optimiser la gestion et la rentabilité de cette structure. Dans cet article, nous vous proposons un tour d’horizon détaillé du régime fiscal d’une SCM, en abordant notamment les principes généraux, les modalités d’imposition et les obligations déclaratives, ainsi que les avantages et inconvénients fiscaux.
1. Les principes généraux du régime fiscal d’une SCM
La première chose à savoir sur la fiscalité d’une SCM est qu’elle relève, par principe, du régime des sociétés civiles soumises à l’impôt sur le revenu (IR). Autrement dit, ce sont les associés qui sont imposés personnellement sur leur quote-part des bénéfices réalisés par la société. En effet, la SCM n’a pas pour objet l’exercice d’une activité commerciale ou industrielle, mais uniquement la mise en commun des moyens nécessaires à l’exercice professionnel de ses membres. Ainsi, elle n’est pas considérée comme une entreprise au sens fiscal du terme.
Toutefois, il est important de préciser que si une SCM réalise des opérations commerciales de manière habituelle et substantielle, elle sera alors requalifiée en société commerciale et soumise à l’impôt sur les sociétés (IS). Par exemple, si une SCM vend des marchandises ou des prestations de services à des personnes extérieures à la société, elle pourrait être considérée comme exerçant une activité commerciale.
2. Les modalités d’imposition des bénéfices d’une SCM
Comme mentionné précédemment, les bénéfices réalisés par une SCM sont imposés entre les mains des associés proportionnellement à leurs droits dans la société. Ainsi, chaque associé doit déclarer sa quote-part de bénéfices dans sa déclaration personnelle de revenus.
Pour les professionnels libéraux soumis au régime des bénéfices non commerciaux (BNC), la quote-part de bénéfices provenant de la SCM doit être ajoutée aux autres revenus BNC qu’ils perçoivent. Les charges et dépenses supportées par la SCM peuvent être déduites du bénéfice imposable de chaque associé, à condition qu’elles soient engagées dans l’intérêt de la société et qu’elles aient un caractère professionnel.
En revanche, pour les professionnels soumis au régime des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) ou des bénéfices agricoles (BA), leur quote-part de bénéfices provenant de la SCM doit être intégrée dans leur résultat imposable correspondant.
3. Les obligations déclaratives d’une SCM
Une SCM est tenue de remplir certaines obligations déclaratives auprès de l’administration fiscale. Tout d’abord, elle doit souscrire une déclaration de résultats (formulaire n° 2036) dans les mêmes délais que les autres sociétés civiles, c’est-à-dire au plus tard le deuxième jour ouvré suivant le 1er mai de chaque année.
En outre, la SCM doit fournir à chacun de ses associés un état récapitulatif des charges et dépenses qu’ils ont supportées au titre de l’exercice écoulé, ainsi qu’un état descriptif des biens mobiliers et immobiliers dont elle est propriétaire. Ces documents doivent être annexés à la déclaration personnelle de revenus de chaque associé.
4. Les avantages et inconvénients fiscaux d’une SCM
Le principal avantage fiscal d’une SCM réside dans le fait que les bénéfices sont imposés directement entre les mains des associés, ce qui permet d’éviter la double imposition inhérente au régime de l’IS. De plus, la SCM bénéficie d’une grande liberté pour la répartition des charges et dépenses entre les associés, ce qui peut permettre d’optimiser leur imposition personnelle.
Cependant, il existe également quelques inconvénients fiscaux liés à la structure en SCM. En particulier, la requalification en société commerciale soumise à l’IS peut entraîner une augmentation significative de la charge fiscale pour les associés. Par ailleurs, les modalités d’imposition des bénéfices peuvent se révéler complexes pour les professionnels soumis à des régimes fiscaux différents (BNC, BIC, BA), et nécessitent une gestion rigoureuse de la comptabilité de la société.
Au regard de ces éléments, il est essentiel pour les professionnels libéraux souhaitant créer ou rejoindre une SCM de bien appréhender le régime fiscal qui leur est applicable. Il est donc recommandé de s’entourer des conseils d’un avocat ou d’un expert-comptable spécialisé en fiscalité afin d’optimiser la gestion et la rentabilité de cette structure juridique.